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samedi 24 décembre 2011

Nuit brûlée/ extrait de Noël

Empruntant l'idée à Fabien Clavel, j'ai décidé de vous proposer d'ici le 8 février - jour officiel de sortie du roman - trois extraits de Nuit brûlée.
Pour Noël, voici le premier. Et il parle de désir...


À peine rentré, Itzan prend les mesures nécessaires pour protéger les siens de la tourmente à venir, demande des inventaires, indique les passages les plus exposés afin qu’ils soient calfeutrés. Ciril l’homme-chien et le vieillard aux oreilles de chauve-souris trient le butin trouvé dans les sous-sols de l’abri improvisé : salamandres multicolores oubliées par dizaines dans des cartons et souvent brisées ; besaces de cuir décorées de perles ou de motifs semblables à ceux que l’on trouve sur les murs du Nid ; verroteries brillantes, dont s’emparent aussitôt Amalia et les autres femmes. Ciril aide la Mutante à la peau d’or à passer plusieurs colliers. Ravie, celle-ci virevolte, bras levés au-dessus de sa tête, dans des flaques de lumière vert émeraude et turquoise. Ciril la dévore du regard.
Indifférente à son amour, Amalia ne danse que pour Itzan.
Sont-ils amants ?
L’idée me fait horreur. Pourtant, je n’ai pas échangé plus de quelques mots avec lui. Il est beau, c’est vrai, avec son pelage de jais et sa longue crinière noire. Ses iris verts, brillants, me troublent chaque fois que je les sens se poser sur moi. Mais Itzan est mon ravisseur, Itzan retarde mes plans. Fin d’une histoire, qui n’en est pas même à ses balbutiements. Comme s’il devinait mes pensées, l’homme-panthère lève les yeux vers moi. Sans ciller, je lui retourne son regard, m’efforçant d’ignorer la brusque sécheresse de ma bouche et la brûlure au creux de mon ventre. 
Soudain, il se détourne.
— Qui a raccourci les chaînes de Ximena ?
Ximena. Toujours cette façon de prononcer ce nom, comme s’il savait depuis longtemps que ce n’est pas le mien. Amalia s’immobilise, le toise d’un air de défi.
— Elle s’est montrée violente : il fallait bien la punir !
— Et où est passé le rideau qui lui permet de s’isoler ? gronde-t-il, lui saisissant le bras. Il fallait aussi l’humilier, c’est ça ?

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