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jeudi 18 avril 2013

Dites-le avec des livres

Quand j'entends les opposants au mariage gay manifester, pardon, cracher leur haine de l'autre dans les média toujours complaisants dès qu'il s'agit de scandale et de boue, quand je lis des articles révélant la violence de ces gens liés aux mouvement d'extrême-droite et aux intégrismes (le GUD que l'on croyait moribond a de beaux jours devant lui), j'ai envie de vomir.  
Contre ces détritus humains, une plainte collective pour appel à la haine, violence et discrimination serait bien plus intelligente qu'une invitation au grand journal, par exemple... 
Mais je suis seulement écrivaine et lectrice, pas juriste. Mais je ne pense pas pouvoir être capable d'avoir un discours autre que violent (l'une de mes meilleures amies, très militante, pense qu'il n'y a pas de discours possible avec eux) avec ceux qui prônent la haine. 
En revanche, je sais que des gens se posent encore plein de questions. Le mariage pour tous, oui? Mais les enfants seront-ils heureux, avec deux mamans ou deux papas ? Ne seront-ils pas montrés du doigt ? En fait, j'ai envie de répondre que les enfants sont toujours l'AUTRE de quelqu'un. Parce que la couleur de peau n'est pas la même, parce qu'ils ne viennent pas du même coin que leurs camarades, s'habillent mieux ou moins bien, sont solitaires ou timides... Bref, avec ou sans parents gay, l'école n'est pas le pays des Bisounours. Quant à l'équilibre supposé entre père et mère, comment dire... Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents hétéros  formidables...
A ces incertains, j'ai envie de proposer quelques lectures. 
Pour les plus jeunes, d'abord : le premier, A mes amourEs, de Claudine Galea est un petit roman illustré qui parle d'une petite fille, Rosalie, qui vit avec ses deux mamans, Natacha et Mélanie. Avec sa meilleure amie, Lucie, elle se pose des questions sur l'amour et c'est un texte très joli. 

Le deuxième, Tango a deux papas, et pourquoi pas ? est une histoire de pingouins racontée et illustrée par Béatrice Boutignon. Silo et Roy sont deux manchots inséparables. Mais quand vient le moment de faire un nid et de couver, ils sont très malheureux parce qu'ils n'en ont pas. Le gardien du zoo leur en confie un, orphelin... 

Les suivants s'adressent en priorité aux adolescents, mais comme souvent sont lisibles par tous. Il y a notre Rouge tagada, à Stéphanie Rubini et moi. Si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire, c'est . Chez Actes Sud, il y a l'excellent Harvey Milk : non à l'homophobie de Safia Arnor qui narre le combat de cet homme politique américain ouvertement homosexuel, élu au conseil municipal de San Francisco et assassiné en 1978. 

 Le faire ou mourir de Claire-Lise Marquier (Rouergue) comme La Trace de Christine-Feret Fleury (Hachette), abordent, le premier ouvertement, le second en arrière-plan subtil, l'homosexualité comme interdit familial et les dégâts que peuvent entraîner le rejet chez un jeune homme, ou la peur de l'être chez une femme... 
Frangine, de Marion Brunet, paru chez Sarbacane raconte l'histoire d'un frère et d'une soeur, conçus par PMA (en Belgique...) et de leurs deux mères. Joachim, le narrateur, est en Terminale. Maladroit, amoureux de Blandine, il s'est créé une bande de copains et n'a jamais eu de mal à s'intégrer. Sa petite soeur Pauline, tout juste débarquée en Seconde, va subir, elle, les persécutions actives et la passivité lâche de ses camarades. Un roman intelligent, sensible qui devrait trouver sa place dans toutes les bonnes bibliothèques. 
Enfin, des conseils de lectures ne seraient pas crédibles venant de moi si je n'évoquais pas la trilogie du Miroir aux vampires, de Fabien Clavel, un Roméo et Juliette admirable, écrit sous la forme d'une longue lettre de l'héroïne, Léa, à sa sœur, et qui se situe entre la France et la Hongrie. Léa est une stryge. Léa tombe amoureuse de celle qu'il ne fallait pas... C'est superbe, poignant et bien écrit.


Voilà, ce n'est qu'un tout petit tour d'horizon, qui j'espère, rayonnera très loin...



10 commentaires:

  1. lire ? C'est violent non pour eux ? :)

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  2. Bonjour,

    Je voudrais attirer votre attention sur le fait de ne pas tomber dans leur travers, de ne pas se mettre à leur niveau. Un appel à la haine de la haine est tout aussi liberticide qu'une interdiction d'interdire.

    Quand je vois les débats qui secouent votre pays sur ce sujet (je suis belge) je me demande où est passée la France des Droits de l'Homme et à défaut de me donner l'envie de vomir, je reste ébahi et triste de voir ces débats tourner en pugilats du bar tabacs d'en bas au lieu de vous emmener sur les pistes d'une société meilleure. Et si les discours des opposants au projet du mariage sont navrant de platitudes et de bondieuseries, les défenseurs du projet sont parfois navrant de suffisance. N'oublions pas que pour avoir un tétu, il en faut deux et comme je le lisais dans le prologue de 'La lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne en parlant : "... de voir quel soif de sang se manifeste à l'heure du triomphe,... Il y a dans la nature humaine peu de traits plus laids que cette tendance - que l'on observe alors chez des gens ni plus ni moins méchants que leurs voisins - à devenir cruels simplement parce qu'ils possèdent le pouvoir de faire souffrir."

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  3. Je ne pense pas que proposer une liste de lecture soit un appel à la haine.
    Quant à la france des droits de l'homme, elle est passée à la trappe depuis la fin des années 90... et cela n'a cessé d'empirer depuis. Heureusement, le vote d'hier sur le mariage LGBT est un point positif, qui va dans le sens du mieux.

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    1. Superbe liste de lecture qui donne plus qu'envie et que je ne critique pas.
      Par contre, j'ai trouvé l'introduction à cette listetrès agressive sur ses 2 premiers paragraphes et très à contrepied de la poésie que j'ai trouvé dans vos romans. C'est à ces 2 paragraphes que je voulais réagir, j'aurais du le préciser.

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  4. Ce n'est pas agressif, Patrice. C'est juste ne pas tendre la joue gauche à des gens qui considèrent qu'un trans est un monstre qui n'a pas le droit de vivre ou que c'est cool de "casser du pédé", qui violent une fille pour lui apprendre à "aimer la queue", et j'en passe. Avec ces gens, avec ceux qui se cachent derrière les discours haineux des Frigide B. et autres, avec les résurgences du GUD, il n'y a pas de dialogue possible, pas de subtilité possible. Parce que dites-vous que s'ils vous croisent dans la rue avec votre petit-ami, ils frapperont. Sans aucun état d'âme. Au bout d'un moment, répondre à la violence par la violence, c'est juste de la légitime défense. C'est tendre l'autre joue qui devient bancal.

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  5. J'ai toujours eu pour principe que la violence montre la limite de notre capacité à résoudre un conflit et ne peut être que l'image de notre propre faiblesse. La légitime défense est et doit rester une attitude visant à nous protéger de leurs attaques, pas à les attaquer ou les exclure pour nous assurer d'une zone de sécurité. La paix, pas la victoire, doit rester notre objectif, la haine qu'on nous oppose ne pouvant justifier l'expression de notre propre haine. Traiter des personnes de détritus (j'illustre mon propos, je ne vous motre pas du doigt)n'est à mon sens pas moins haineux et un appel à la haine que de traiter un trans de monstre. C'est dans les 2 cas un rejet de la différence. Culpabiliser ou diaboliser "l'autre" , ne résoudra pas nos problèmes de société. Avide de liberté individuelle, nous nous sommes isolés et voyons nous échapper les valeurs sociales qui nous avaient unis par le passé. En plus de cette deliquessence de nos valeurs, la concentration des richesses et des pouvoirs amènent certains à s'accrocher à des valeurs morales dépassées quand d'autres courent, fuient vers l'avant, tous deux souvent par peur de se retrouver face à eux-mêmes. Le texte de Paul Eluard me revient en mémoire, '... de ces enfants et de ces gens qui resteront des phénomènes tant qu'ils regarderont dans le miroir ce qui les séparent d'eux-mêmes".
    Merci pour cette discussion.

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  6. Je suis bien d'accord avec vous sur le fait qu'il faille avant toute chose tenter de discuter avec les autres et de rester ouvert. Malheureusement, lorsque l'on est agressé par des gens qui font preuve de violence, qui sont en-deçà de toute discussion, il n'y a pas d'autre réponse que le mépris et la violence. Et c'est exactement la situation dans laquelle on se trouve face aux mouvements extrémistes et intégristes que l'on a vu déferler ces derniers mois. Il ne s'agit pas de renvoyer des problématiques qui ne sont pas liées l'une à l'autre. Trans, gay, lesbienne, noir, arabe, blanc, athée, rom, etc., on parle d'êtres humains, de personnes qui ont fait, font des choix, qui viennent d'ailleurs, naissent avec une couleur de peau différente, ou de cheveux pourquoi pas (roux). Il n'y a rien de monstrueux à cela, c'est même nos différences qui font notre richesse humaine. Il y a des autres qui existent, qui vivent, rient meurent.
    De l'autre côté, il y a du racisme de la haine et une forme de folie. Cette même folie qui poussait les gens d'un village, autrefois, à mettre le feu à la maison de la "sorcière", qui a conduit aux meurtres, à la torture, à l'esclavage et plus récemment aux camps de la mort. A l'époque, les gens ont discuté, puis accepté, puis laissé pisser... Puis il était trop tard (lisez le génial "Histoire d'un allemand" paru chez babel)
    Enfin, c'est bien parce que ces personnes sont d'autres humains et que je les reconnais comme telles que je les trouve tellement méprisables et dangereuses. Je ne serrerai pas la main d'un Sarkozy, je ne discuterai pas avec un Hitler (malgré la nouvelle de Buzatti) ni une Barjot ni aucune de ces personnes. Au mieux, je leur tournerai le dos.

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  7. Il y a toujours une réponse autre que le mépris et la violence: la dignité et l'humilité. Je suis d'accord avec vous quand vous dites que ces gens sont dangereux, enfermés qu'ils sont dans leurs préjugés et leurs certitudes mais ne tombont pas dans ce même travers en transformant nos visions en certitudes ou en préjugés. Etre du coté pile ou du coté face de la pièce, c'est quoiqu'on en dise faire partie de la même pièce. L'important, à mon sens, pour faire avancer cette pièce, c'est de faire le funambule sur sa tranche.

    Si j'étais amené à rencontrer de tels personnages, je ne leur tournerais pas le dos (trop dangereux) mais c'est en les regardant droit dans les yeux que je leur serrerais la main. Ce n'est pas en les montrant du doigt que nous trouverons une parade pour faire disparaitre ou au moins atténuer les peurs, angoisses, frustrations, complexes, ... qui les animent. C'est au contraire en regardant en face, ces peurs, angoisses, complexes,... et en les comprenant que nous pourrons mettre en place les garde-fou nécessaire au maintien de nos enfants loin de ces abîmes de détresse dans lesquelles se trouvent ces intégristes.

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  8. Chacun sa vision, la vôtre est parfaitement légitime. La mienne est qu'il n'y a pas de discussion possible, pas d'échange possible avec eux.
    Cela dit le sujet de ce blog n'était pas ces malades, mais des conseils de lectures à ceux qui doutent... s'interrogent... Ce qui n'a évidemment rien à voir avec le schmilblick.

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