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lundi 5 janvier 2015

Ce feu qui me consume, extrait n°1 : la rencontre

Vous l'avez deviné : pour le lancement de la collection "in love", Fabien Clavel, Camille Brissot et moi-même avons décidé, jusqu'au 18 mars de vous concocter quelques petites surprises. Après les couvertures... les rencontres! 

Ci-dessous, en version non définitive, Armando et Violetta. 
Et oui, il est évidemment question de chevaux. 

La musique s’arrête brusquement. Noir. Spots bleus et rouges dansant sur la scène étroite équipée d’un micro, près de la cabine de mixage. Les habitués attendent, les nouveaux murmurent. Une silhouette souple grimpe sur l’estrade. Petite et mince, moulée dans une minirobe noire, perchée sur des talons trop hauts. Gorge sèche, sans savoir pourquoi. Elle se hisse jusqu’au DJ, murmure quelque chose, fait volte-face.

Mains moites, jambes en coton, impression d’étouffer.

Je bascule, un an en arrière.



L’animal, un gris pommelé taillé pour la compétition, se cabre, encore et encore face à l’obstacle. Sur son dos, une jeune fille, tête nue, sa longue chevelure noire flottant derrière elle comme un panache. Autour de la carrière, deux moniteurs, des spectateurs affolés, une adolescente couverte de poussière…

Le cheval retombe lourdement sur ses jambes, part au galop. Un galop rageur, révolté. Sa cavalière l’accompagne, lui permet d’évacuer sa colère puis le met au pas, murmurant des paroles apaisantes. Effectue un cercle, revient calmement sur l’oxer.

Tous, nous retenons notre souffle.

Couverte d’écume, sa monture le franchit sans effort, une fois, deux fois, trois fois. L’inconnue flatte son encolure, le laisse reprendre son souffle, rênes longues et se tourne vers nous avec un sourire.

Un sourire radieux. Lumineux. Angélique.

Gianni ne remarque pas mon trouble, bien entendu, et se précipite vers elle pour la féliciter.

Qui est-ce ? Je ne l’ai encore jamais vue. Il faut dire que, la fin du lycée approchant, j’ai de moins en moins de temps libre et je ne viens que rarement monter au haras dell’ Arno Nero.

Je m’approche timidement. Occupée avec ses instructeurs, son cheval et mon ami, elle me tourne le dos. D’elle, je ne vois que cette vague noire, humide de sueur, qui coule jusqu’à sa taille, le bas d’un T-shirt trop grand, un vieux jean râpé – mais je me sens si mal que j’ai l’impression qu’elle est nue. J’arrive près de Gianni. Ma tête bourdonne. Sensation d’être sale à force de transpirer. Au bout d’un moment, une seconde, une éternité, elle se tourne vers moi et je me prends de plein fouet ses iris aux reflets violets. Je la fixe, écarlate, horriblement gêné.

— Salut, je… je m’appelle Armando, dis-je histoire de ne pas rester planté, les bras ballants, comme un idiot.

— Moi, c’est Violetta !

— Comme la couleur de tes yeux ?

Les mots – mes mots, plats, débiles, niais – ont flotté un instant entre nous, puis elle a éclaté de rire. À cet instant, j’aurais donné n’importe quoi pour avoir le cran de sauter sur ce cheval et fuir, loin, très loin de là…



Retour à la réalité. Retour à Violetta sur la scène, avec sa robe trop courte et pour seul bijou un pendentif écarlate. Retour à Violetta qui chante avec assurance, ignorant les paroles qui défilent sur l’écran.




Baby, you're a firework

Come on let your colors burst



Sa voix m’émeut. Ses mouvements, un geste pour ramener ses longues mèches en arrière, un déhanchement léger, me bouleversent. Et quand son regard, l’espace d’une seconde à peine, croise le mien, j’ai le sentiment qu’il n’y a plus que nous dans le club, qu’elle ne chante que pour moi.

 Le morceau se termine sous une salve d’applaudissements. Étoile filante, elle salue, saute sur la piste, disparaît dans la foule.
 

 Pour découvrir la rencontre des héros de Le Choix de Bérénice et de Le vent te prendra, cliquez !sur les titres!

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