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samedi 23 mai 2015

Le Pari(s) de Fanny

A quelques jours de la sortie de Fanny, quelques précisions sur le roman... D'abord, ce n'est pas parce qu'il y a une jolie fille en couverture que c'est une romance. Il y a certes quelques baisers passionnés et plus si affinités, mais ce n'est pas ce qui m'a menée par le bout du clavier (ben oui, moi, l'écriture manuscrite, comment dire...) : bien plutôt l'amitié, la difficulté d'être soi face aux normes et aux préjugés, le théâtre et... Paris. Fanny est newyorkaise d'adoption, mais répète du côté du canal Saint-Martin, endroit bobo s'il en est , mais très sympa pour déjeuner et dîner. Quant  à sa meilleure amie Sonia, elle a quelques bonnes adresses, parmi lesquelles la fromagerie Hardouin, visible ici et Puerto cacao, , ainsi qu'en extrait ci-dessous :

Le week-end est passé, pareil à un songe rythmé de brusques réveils. Samedi, j’ai hanté Facebook sur mes deux identités, j’ai récupéré pour 5 euros Jeux d’enfants en DVD d’occasion, j’ai répété mot pour mot ces dialogues que je connais par cœur. Dimanche, j’ai retrouvé Sonia à côté du marché d’Aligre, chez Puerto Cacao pour un petit déjeuner ; je l’ai suivie chez le marchand de légumes et le poissonnier ; j’ai craqué devant les chèvres et le comté de Cyrille, son fromager préféré, qui nous a fait goûter à chacune ses dernières acquisitions, et je suis allée au cinéma voir un film dont je ne me souviens pas.  

 ou encore le Rancho Dominicano rue de Lappe... 


Amitié, rôles à jouer, choix, donc. Un dernier extrait avant le 29 mai : 



Ce soir au New Morning, j’assisterai donc, dans ma nouvelle peau, au concert de cette chanteuse de blues à la voix éraillée. Je soupire, me frotte les paupières, soudain consciente de l’énormité de ma promesse. Une fausse identité pour séduire Fred ? Ivre, l’idée me semblait géniale. Sobre, je la trouve franchement stupide – d’autant que j’ai autre chose à faire. Sauf que j’ai juré craché d’aider Sonia à se venger. Je ne peux pas la laisser tomber. Et puis une petite voix dans ma tête me souffle que cela peut être intéressant de jouer le rôle de Marie. Vaincue, je me traîne jusqu’à la douche et récapitule sous l’eau chaude mon programme de la journée : me débarrasser définitivement de mon mal de tête ; boire un café, de préférence très serré ; me préparer pour l’audition que m’a obtenue Jane et foncer au théâtre de l’Atelier ; filer répéter Célimène, puis me faire une teinture et me mettre dans la peau de Marie-la-future-conquête-de-Fred ; enfin, aller au New Morning en mode « bien sous tous rapports » pour écouter une chanteuse que j’aime beaucoup. — Quand même… qu’est-ce qui m’a pris ? dis-je à haute voix, m’enroulant dans une serviette avec un soupir. La réponse est simple : Sonia est mon amie. La plus proche, peut-être, que j’aie eue à l’exception de Russel. Elle m’a demandé de l’aider à faire payer son humiliation à Fred, j’ai accepté. Pour être honnête, je n’ai pas beaucoup hésité, et pas seulement parce que j’avais trop bu. L’idée de séduire ce type, de le rendre jour après jour plus amoureux de « Marie » pour mieux le piéger m’amuse : un entraînement parfait pour le rôle de garce que je rêve d’incarner. Il y a autre chose, même si j’ai plus de mal à le reconnaître. Je crois que j’ai envie de savoir, le temps d’un mensonge, ce que ça fait d’être le style de fille que ma belle-mère porte aux nues. Le style de fille bien élevée, souriante, pas trop bruyante, qu’on épouse avant de l’oublier, la quarantaine venue, au coin d’un canapé.
Comme Carole, la fiancée de mon demi-frère. Comme toutes ces femmes que ni Sonia ni moi ne serons jamais. J’aurais pu devenir l’une d’elles. Il aurait suffi de peu : une étincelle trop timide pour embraser mon cœur de comédienne, une volonté trop faible pour résister à la pression de Françoise et de mon père. Certains soirs, quand je doute de moi, quand je suis lasse de me battre pour des rôles que je n’obtiens pas, pour exister comme je l’entends, je regrette de ne pas avoir étouffé cette flamme. Je me dis que les metteurs en scène qui ne me laissent jamais faire mes preuves ont raison : je n’ai pas l’étoffe d’une Chimène. Je ferais mieux de changer de voie pendant qu’il en est encore temps. En devenant Marie, je saurai peut-être ce qu’aurait été ma vie si je n’avais pas lutté.


4 commentaires:

  1. ça manque un peu de # ce point mais c'est bien de préciser :)
    je vais le dévorer très vite.

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  2. Après vous avoir vu samedi dernier à Lille, je me suis lancée dans sa lecture dans mon TGV du retour, je l'ai dévoré et j'ai hâte de lire vos autres titres que j'ai ramené dans ma valise !

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