Derniers articles

mardi 7 novembre 2017

Confiance

L'an dernier, j'ai participé à un stage de travail en liberté avec Assarabe. Stage qui ne s'est absolument pas déroulé de la manière dont je l'espérais pour lui (il en est ressorti assez traumatisé, il va bien maintenant rassurez-vous) mais m'a énormément apporté, d'un point de vue psychologique et sociologique... 
Je me suis rendu compte que les stagiaires étaient toutes des femmes (les quelques hommes participant aux deux jours étant plutôt tournés vers le dressage), toutes (y compris moi) avec le même problème : un manque de confiance en soi et une recherche d'approbation (par une figure d'autorité) absolument hallucinants. 
Le tout, au mépris du bon sens et de l'intuition. 
L'idée ici n'est pas de cracher sur un typequi joue parfaitement de ces failles pour faire son show (et son beurre... quoique, d'accord, je bitche un peu) mais de s'interroger sur ce qui qui nous rend aussi peu sûres de nous, et vulnérables.
 Qu'est-ce qui crée le manque de confiance en soi ? L'éducation, une société patriarcale et autoritaire qui nous conditionne d'une part à "ne pas être capables" (et c'est valable dans tous les milieux, y compris d'ailleurs celui de la musique classique et de l'orchestre), d'autre part à nous fier - qu'on soit homme ou femme d'ailleurs - à l'autorité, celui (ou celle) "qui sait", sans poser de questions. L'expérience de Milgram, dans les années 70, a démontré que l'être humain, soumis à la pression d'une figure d'autorité, peut torturer si celle-ci lui affirme que l'autre ne ressent pas de douleur : 


De manière moins dramatique mais tout aussi intéressante, Vinciane Desprets a mis en évidence la façon dont un discours froid, (pseudo) scientifique et objectivant (au service de l'industrie agro-alimentaire... ou d'une recherche coupée de la réalité) avait écrasé au mépris de toute vérité la connaissance intuitive que des éleveurs par exemple, pouvaient avoir de leurs bêtes (cf. cet article.)
Ce long mais nécessaire détour pour expliquer que nous sommes doublement conditionnées, en tant que femmes par des siècles de soumission à l'autorité et de dénigrement de nos propres capacités intellectuelles et physiques. 
Vous me direz : "Oui, mais quand tu vas faire un stage, c'est pour apprendre..." 
C'est en effet le cas. Et d'ailleurs, j'adore les stages, surtout quand ils sont animés par des personnes pédagogues et bienveillantes (ici, par exemple)... 
Mais là n'est pas le problème. Le problème, c'est : être capable de dire non quand quelque chose va trop loin, ou à l'encontre de ce que l'on souhaite, veut (en l'occurrence, pour autrui, cet autrui étant un cheval, un enfant, un ami...) et acquérir suffisamment d'estime de soi pour suivre son intuition quand on la sent/ sait juste (et en dépit de "ceux qui savent"). Un cheval est une personne, qui a des origines (ex. un arabe-barbe n'a pas les mêmes forces ni les mêmes faiblesse qu'un PS anglais...), une histoire et un lien créé avec son/ sa humain/humaine. Aussi compliqué que cela puisse être, il faut arriver à faire le tri entre les bons et les mauvais conseils (ces derniers ressemblant souvent à des jugements), et suivre son instinct quand il hurle : "NON"!
Mais avant tout cela et c'est à mon sens l'essentiel : il faut apprendre à se fier à son jugement , acquérir suffisamment d'estime de soi pour  prendre le risque de s'opposer et de se tromper, en somme à exister hors du regard de l'autre, être autonome dans ses choix. 
Accepter de grandir, en somme.... 
C'est l'un des thèmes de Sans Raison apparente


Comment arriver à se dépouiller de tous ces atavismes, toutes ces craintes qui nous emprisonnent et nous empêchent de progresser réellement ?
Je n'ai pas de solution miracle, mais je suis absolument convaincue qu'une sorte d'état des lieux, personnel et social, pourrait faire avancer le schmilblick...
 

2 commentaires:

  1. Si tu es écrasée par cette société en tant que femme, il faut faire face. Seule c'est plus difficile, du coup on est là ;)

    RépondreSupprimer
  2. Je sais.
    Et je sais aussi que tous ces p... de mécanismes conditionnés sont super difficiles à enlever, des deux côtés. Mais on y arrive.

    RépondreSupprimer